La grande dépendance chez les personnes âgées
Nadine Martin est directrice adjointe de la Maison de Repos et de Soins Paul Delvaux, à Watermael-Boitsfort. Infirmière de formation, elle a répondu à nos questions sur la grande dépendance et sur l'autonomie des personnes âgées.
Au fil de l'article, découvrez ses réponses en capsules sonores.
La grande dépendance, qu'est-ce que c'est ?
La dépendance se présente de bien des manières et ne concerne pas uniquement les personnes âgées. Dans notre coeur de métier, la grande dépendance peut être divisée en trois sujets :
- La grande dépendance physique
- La grande dépendance mentale, psychique
- La grande dépendance psychologique
Comment déterminer le degré de dépendance d'une personne âgée ?
"Pour déterminer la dépendance, on a les échelles de Katz. C'est une échelle qui reprend des paramètres tels que "cette personne sait-elle se laver ? Se laver toute seule ? A-t-elle besoin d'aide ou d'une supervision ?"
L'échelle de Katz est une échelle reprenant 6 critères "physiques" :
- Se laver
- S'habiller
- Transfert et déplacements
- Aller à la toilette
- Continence
- Manger
Et deux critères psychiques, d'orientation :
- Dans le temps
- Dans l'espace
La grande dépendance, synonyme d'entrée en maison de repos ?
C'est une tendance que nous observons dans toutes nos résidences : les personnes entrent en maison de repos le plus tard possible. L'espérance de vie ne fait qu'augmenter : en 20 ans, l'espérance de vie en Belgique est passée de 77 ans à 81 ans.
Mais qui dit "le plus tard possible" dit aussi "de plus en plus dépendant". Lorsque les familles ou les aidants sont dépassés, elles préfèrent faire appel à une maison de repos, pour que les soins et la vie de leur proche soient cadrés.
Quid des courts séjours ?
L'entrée en maison de repos peut ne pas être définitive. La maison de repos et de soin représente un lieu calme et serein pour une personne désorientée ou grande dépendante. Les courts séjours sont fréquents pour enlever, quelques jours, la charge aux aidants.
Les courts séjours peuvent aussi s'appliquer aux personnes qui sont physiquement dépendantes, après une chute ou une opération. Ce court séjour aide à la revalidation et à la convalescence et permet, au travers de soins et d'ateliers, de regagner en autonomie et de rentrer sereinement chez soi.
Des unités protégées et des soins adaptés
Les personnes qui présentent une grande dépendance peuvent être incluses dans des unités protégées:
Les soins sont adaptés et tous les comportements étudiés, surtout lors des interactions du personnel avec les résidents. C'est pour ça aussi que les résidences avec UPAD ont un ou une référent.e "démence", qui pourra former ses collègues sur les bons gestes et attitudes à adopter.
Conserver l'autonomie pour plus de dignité
Pour les résidents, il est très difficile d'admettre qu'ils ne sont plus maîtres de leur temps.
Dans cet objectif, il est aussi important d'apporter des soins personnalisés et étudiés. Si on ne déroge jamais à un traitement médical, le bien-être et la culture de l'autonomie peuvent être apportés par des thérapies non-médicamenteuses. On peut citer le snoezelen, l'aromathérapie, le yoga, la musicothérapie ...
Une grande dépendance psychologique
La dépendance psychologique est quelque chose qui n'est pas signifié sur l'échelle de Katz. Mais c'est un des aspects quotidiens les plus importants d'une maison de repos.
Les résidents ont besoin de temps et d'attention. Prendre le temps de parler, juste cinq minutes, permet aux résidents de se sentir mieux. L'attention et la parole, pour contrer la dépendance psychologique, permet aussi d'éviter les crises de larme ou les coups de mou.
Un suivi psychologique peut être une richesse dans une maison de repos. Et pas uniquement pour les résidents, mais également pour le personnel et pour la famille.
Pour en savoir plus, n'hésitez pas à visiter notre section "Atouts" et à lire comment emeis est experte en accompagnement de la démence.